Lundi 9 mars 2020, l’équipe de Pint of Science France organisait une soirée spéciale avec Bpifrance chez Tata Monique, bar du 5ème arrondissement parisien. Sans le savoir, c’était l’occasion de profiter d’une dernière soirée dans un bar avant leur fermeture et le confinement pour lutter contre la propagation du virus Covid-19 !

Dans une belle cave voutée, une trentaine de chercheur·se·s et entrepreneur·se·s se sont donc réunis pour découvrir les parcours de celles et ceux qui se sont lancés dans l’entrepreneuriat.

Elodie Chabrol, directrice Pint of Science France et International, et Amélie Maillon, manager innovation Paris pour Bbifrance, ont introduit la soirée et présenté Bpifrance. En quelques mots, Bpifrance, Banque Publique d’Investissement, accompagne les startups avec des financements mais c’est aussi une boite à outils complète. L’accompagnement proposé est personnalisé en fonction du stade d’avancement de chaque structure.

Puis, cinq entrepreneur·se·s ont pris la parole à tour de rôle pour partager leurs retours d’expériences. Les intervenant·e·s ont livré leurs témoignages et ont répondu à de nombreuses questions du public : pourquoi se lancer ? Quel sens et quel impact peut avoir l’entrepreneuriat deeptech ? Comment faire et avec qui ? Ça fait quoi d’entreprendre ? Quel impact sur ma carrière de chercheur·se ? Ou encore, avec quels financements ?

C’est d’abord Maximilien Levesque, CEO de Aqemia, qui a présenté son parcours. Après une thèse de mécanique quantique au CEA Saclay et plusieurs post-doctorats à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), l’université de Cambridge et l’université d’Oxford, il obtient un poste de chargé de recherche au CNRS et devient chef d’équipe en 2014 à l’ENS. Il s’intéresse de près aux énergies libres de liaisons : elles sont très difficiles à calculer, mais les travaux de son équipe lui permettent de les calculer 10 000 fois plus vite que les autres méthodes utilisées. Après réflexion, cette technologie s’avère extrêmement intéressante pour la découverte de médicaments, Maximilien lance donc un projet dans ce sens. Puis, tout va très vite : le projet gagne un concours pour jeune startup organisé par l’ENS (Start-Ulm) où il rencontre un business angel (Olivier Vaury, CFO de Manomano) qui lui fait rencontrer sa co-fondatrice business, Emmanuelle Martiano, début 2019. Ils quittent CNRS et BCG, respectivement, pour co-fonder leur start-up, Aqemia, en juin 2019. Leur ambition ? Générer des molécules candidates médicaments pour une cible donnée en combinant physique théorique et intelligence artificielle. En octobre 2019, ils lèvent 1,6 million d’euros auprès du fonds d’investissement Elaia, de business angels et du programme d’investissement BPI French Tech Seed. Il ne leur reste "plus qu'à" recruter une équipe extraordinaire et transformer leur technologie en produit pour trouver les médicaments de demain !

Aqemia se mobilise contre COVID-19 et utilise ses algorithmes pour identifier des molécules thérapeutiques actives sur les cibles du COVID. Nous espérons que cette approche sera fructueuse !


C’est ensuite la seule entrepreneuse de la soirée,
Alix Gicquel, CEO de Diam concept, qui a pris la parole. Sa startup se positionne comme la réponse aux multiples problèmes du diamant : les impacts humains, écologiques, ou même politiques. De son parcours, Alix raconte qu’elle vient du domaine du plasma, ce gaz ionisé que l’on retrouve dans les néons, ou les aurores boréales, entre autres. Lors de sa participation à une conférence dédiée en 1987, elle découvre qu’avec les plasmas on peut faire du diamant ! C’est pour elle une révélation et un objectif qu’elle va poursuivre tout au long de sa carrière, de maitre de conférences, à directrice scientifique adjointe au SPI-CNRS, en passant par professeure des universités. Elle lance Diam concept en mai 2016. L’idée : créer des diamants en laboratoire à l’aide de réacteurs à plasma pour une joaillerie éthique. Depuis, elle a fait et fait face à plusieurs difficultés : difficulté avec son co-fondateur initial, difficulté pour lever des fonds, difficulté d’arriver à une Proof of Concept (POC), etc. Mais elle souligne qu’elle a également beaucoup de soutiens, notamment grâce au CNRS qui l’héberge encore et à l’Université Sorbonne Paris Nord qui a versé son salaire pendant les 3 premières années du lancement de son projet, ainsi que Bpifrance et une banque. De son témoignage, il faut retenir que tout ce que l’on fait dans la vie peut servir !


Au tour de Jérémy Adam, CEO de Bone 3D de raconter au public son parcours et comment il a lancé sa startup. Après un Master et une thèse en biomécanique pour l’impression 3D de dispositifs médicaux à l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers, il a envie d’apporter des solutions aux nombreuses personnes qui le sollicitent avec des idées d’impressions 3D pour leurs patients. Il crée donc sa société en avril 2018 avec l’aide de deux chirurgiens. Le but : concevoir et imprimer en 3D des dispositifs médicaux et simulateurs de chirurgie entièrement personnalisés pour les patients tout en optimisant le confort des chirurgiens qui les opèrent. Des produits sont commercialisés dès les premiers mois suivant le lancement ! Depuis le début, le parcours de Jérémy et de Bone 3D est jalonné d’apprentissage et de soutiens. D’abord, il fait un audit pour être incubé aux Arts et Métiers, cela lui permet de savoir ce qu’est une levée de fond, ou pourquoi avoir un avocat, entre autres. Les apprentissages sont nombreux et nécessaires ! Puis s’ensuivent beaucoup de réussites : avec Initiative Grandes Ecoles & Universités il obtient un prêt d’honneur, avec d’autres chirurgiens viennent d’autres idées pour lesquels ils déposent ensemble des brevets, avec Bpifrance il obtient une subvention Innov’up, et fin 2019, première levée de fonds réussie pour Bone 3D avec 1,4 million d’euros pour accélérer le développement de ses dispositifs médicaux. Les applications sont nombreuses et les objectifs ambitieux pour Jérémy dans les années à venir. Il conclue en soulignant qu’il a eu, jusqu’à présent, beaucoup d’accompagnement et beaucoup de chance.

Bone 3D s'engage également contre le Covid-19, en mettant à disposition des hôpitaux ses imprimantes 3D ainsi que les compétences de leurs docteurs et ingénieurs biomédicaux.


Edouard Duliège
, CTO de Kapsera a ensuite raconté son expérience, encore une fois unique mais partageant des similitudes avec les autres entrepreneur·se·s présent·e·s. Après une école d’ingénieur puis une thèse à l’ESPCI Paris sur l’encapsulation, son directeur de laboratoire lui propose de tester une POC, pouvant mener au lancement d’un nouveau procédé agricole. C’est ainsi qu’il ose, avec Jérôme Bibette, Antoine Drevelle et d’autres chercheurs, fonder la startup Kapsera en janvier 2018. Pour Edouard, c’était l’occasion de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale mais sans être seul, avec une technologie encore assez loin du marché. L’ambition de l’équipe est de développer des solutions durables pour l’agriculture de demain. L’idée est de remplacer des pesticides avec des produits biodégradables, plus stables que ceux existant, grâce à une technologie microfluidique d’encapsulation brevetée. Les débuts ne sont pas simples, il faut sonder et tester l’intérêt de potentiels clients pour ce projet. Difficulté de taille pour Edouard : il faut vendre un produit qui n’existe pas encore. Après 1 an d’activité, c’est pourtant une première levée de 700 000 euros auprès du fonds Agrinnovation de Demeter qui constitue une reconnaissance du potentiel de la technologie développée pour l’agriculture durable. Puis en janvier 2020, Kapsera obtient le soutien financier de Bpifrance (à hauteur d'1 million d'euros) qui va permettre de valider leur concept. Pour Edouard, l’enjeu dans une startup, c’est de mettre la barre suffisamment haute pour se surpasser un peu mais pas trop non plus pour ne pas exploser. Il conclue en disant que finalement, lancer une startup, c’est comme une fin de thèse, mais tout le temps !


Pour finir, c’est Tanguy Serrat, CTO de SquareMind qui témoigne. Pour lui, le lancement de sa startup est plus récent, il raconte les premières étapes de son aventure. Après une école d’ingénieur aux Arts et Métiers puis un master en Machine Learning à UCL, il fait ses premiers pas de chercheur dans un laboratoire de robotique médicale. Il quitte UCL et commence à développer une brique technologique de reconstruction 3D de corps humain avant de rejoindre le programme Entrepreneur First (EF) en octobre 2018 où il rencontre son co-fondateur Ali Khachlouf. Cet accélérateur Deep Tech international accompagne des profils atypiques vers l’entreprenariat en plusieurs phases. La première phase de trois mois consiste à trouver son co-fondateur ainsi que développer le projet entrepreneurial qui s’appuie sur l’expertise spécifique des deux parties. L’équipe d’EF a challengé le duo et soutenus financièrement dans leur ambitieux projet de développer une solution de rupture pour le dépistage précoce du mélanome. La deuxième phase de trois mois est dédiée à l’accélération de la startup et culmine par un pitch devant un parterre d’investisseurs internationaux lors d’un Demo Day à Londres. Très vite soutenue par Bpifrance (Bourse French Tech), SquareMind collabore aujourd’hui avec plusieurs équipes d’oncologie de renommée mondiale. Afin d’accélérer son développement, SquareMind a lancé une levée de fonds. Fingers crossed !


La soirée s’est terminée par de nombreux échanges entre intervenants et public, un verre à la main et en toute convivialité. Une soirée réussie pour Pint of Science et l’envie d’en faire plus mais, pour cela, il va falloir patienter.
Le festival annuel est malheureusement reporté du 7 au 9 Septembre 2020. D’ici là, suivez-nous sur notre site ou nos réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter), et bien sûr, restons tous chez nous et respectons les gestes barrières !