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Depuis 2 ans, difficile d’y échapper. Discours politiques, analyses journalistiques, réseaux sociaux : les fake news sont partout. Ce terme désigne-t-il un phénomène réellement nouveau ? Si les fake news altèrent le débat public, n’y-a-t-il pas un plus grand danger pour notre démocratie à vouloir à tout prix les réduire au silence ?
Les réseaux sociaux, ennemis de la démocratie ?
Romain Badouard
(maître de conférences, laboratoire Agora, Université de Cergy-Pontoise)
La circulation des fausses informations et des théories du complot sur le web a pris une telle ampleur ces dernières années qu’elle est devenue un véritable problème de société. On peut voir les "fake news" comme un symptôme de différentes évolutions sociales et politiques : modèles économiques des réseaux sociaux qui confortent leurs utilisateurs dans leurs opinions; utilisation de fausses nouvelles à des fins de propagande; défiance politique qui s’exprime à l’égard des élites médiatiques et intellectuelles.
Chasse aux fake news : une panique morale ?
Cyril Lemieux
(directeur du laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités, EHESS / CNRS)
De l’essor de l’imprimerie à la révolution numérique, un mouvement de perte du monopole des élites lettrées sur la production et la diffusion des savoirs a régulièrement engendré de leur part inquiétudes et critiques. Récemment, l’apparition des catégories « post-vérité » ou « fake news » en témoigne. Si la façon dont l’information est désormais produite et publiée créé des problèmes, toutes les solutions proposées pour les réguler sont loin d’avoir les mêmes implications en termes d’idéal démocratique.
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